Brieulles-sur-Meuse, Résidence prémontrée

 

Histoire

 

Si les prémontrés desservent l’église de Brieulles depuis au moins 1181, l’installation d’une « église et maison » de l’ordre dans la localité résulte de la volonté testamentaire d’Anne de Chicolet, épouse du « seigneur en partie de Brieulles-sur-Meuse », en date du 5 décembre 1632. Cette fondation s’inscrit dans le dynamisme monastique des 17e et 18e siècles. Le contexte est alors défavorable en raison de la guerre de Trente Ans et de la Fronde. Ces temps troublés expliquent peut-être que le chantier ne date que de 1642. Par manque d’argent l’édification de la chapelle ne débute qu’en 1683. Dans le premier tiers du 18e siècle, la « résidence » est tout aussi un établissement conventuel qu’une exploitation agricole, les prieurés prémontrés ayant dès l’origine vocation à s’occuper des travaux des champs. Le chapitre annuel de 1751 acte la reconstruction de Brieulles qui commence immédiatement pour s’achever en 1756. L’architecte est inconnu mais on peut raisonnablement le supposer issu de l’ordre, les prémontrés ne manquant pas de talents dans ce domaine. 1790 voit la dissolution des communautés religieuses. Par la suite, les morcellements et les guerres ont dénaturé Brieulles dans sa structure et l’avenir du bâtiment fut longtemps incertain. Classé Monument Historique en 1994, l’endroit est depuis restauré.

 

Architecture

 

L’architecte inconnu a dessiné un plan régulier en L. L’édifice est bâti en pierre de taille, matériau le plus recherché pour ce type de chantier, surtout en Lorraine, pays de pierre. Ici, la concordance est établie entre le rendu recherché, fait de classicisme et de majesté, et les matériaux qui favorisent le dessin d’une certaine grandeur, renforcée par le plan. L’étagement se compose d’un sous-sol comportant des caves voûtées, d’un rez-de-chaussée légèrement surélevé et d’un étage carré. Les niveaux sont soulignés par un cordon courant sous les fenêtres du rez-de-chaussée et un bandeau sous les fenêtres de l’étage. L’élévation principale symétrique compte 13 travées. La 7e travée est marquée par deux pilastres doriques sommés de triglyphes* enserrant une porte en plein cintre moulurée surmontée d’une agrafe*, peut-être en attente. À l’exception de la fenêtre surmontant la porte, toutes les fenêtres sont à linteau en arc segmentaire* avec agrafe montante. Souligné d’une corniche moulurée en pierre, le toit à longs pans et croupe* est couvert d’ardoise. Un parti pris identique se retrouve sur l’élévation nord. Le décor quasi inexistant tient à la sculpture et à la ferronnerie. L’austérité architecturale du bâtiment s’explique par la spiritualité prémontrée autant que par le statut d’établissement rural.

 

 

La porte de la façade principale et sa travée

 

Selon un parti-pris courant du temps, le décor sculpté se concentre autour de la porte principale de l’édifice. Pas d’exubérance ici. Le lieu est une résidence rurale d’un ordre religieux tourné vers la pauvreté. D’autre part, l’architecture classique du 18e siècle exprime ici sa retenue. La porte en plein cintre avec moulures continues en table est surmontée d’une agrafe*, peut-être en attente. Deux pilastres doriques se prolongeant à l’étage supérieur encadrent la composition. Ils délimitent une frise de triglyphes*. Le décor se complète des ventaux* moulurés de la porte piétonne et du garde-corps en ferronnerie placé devant la grande fenêtre en plein cintre du premier étage.

 

Les fondateurs de Brieulles, de pieux laïcs au temps du Grand Siècle

 

La création de la résidence des prémontrés de Brieulles n’est pas un acte anodin : elle s’inscrit dans la spiritualité de ses initiateurs, Anne de Chicolet et Pierre de Cadenet, seigneur de la localité avec le duc de Lorraine et le prince de Condé. Il s’agit d’une fondation testamentaire, geste renvoyant aux dernières volontés du testateur, ses ultimes souhaits avant de quitter ce monde. Ce désir traduit une foi vive, qu’illustrent d’autres aspects de la vie des fondateurs. Tout d’abord le souhait que leur œuvre soit consacrée à la formation des clercs sous la forme d’un séminaire ou d’un noviciat. D’autre part, les fondateurs prévoient qu’en cas d’impossibilité du projet initial ou de départ des religieux, les dispositions testamentaires profiteraient aux minimes de Dun-sur-Meuse, une des composantes de l’ordre franciscain. Or, Pierre de Cadenet est gouverneur de la localité, dont la cure et la nomination du curé relèvent du prieur minime. Et les franciscains sont alors parmi les meilleurs ouvriers de la réforme catholique. D’autre part, dans ses testaments successifs, Pierre de Cadenet partage ses bienfaits entre les prémontrés de Brieulles et la congrégation de l’Oratoire de Paris, autre institution très active dans la vie spirituelle du Grand Siècle. Qui plus est, Anne de Chicolet précise dans son testament vouloir que trois messes soient célébrées toutes les semaines du Saint-Esprit, de la Vierge et des Trépassées et aux quatre temps de l’année vigile pour le salut de son âme et de celle de ses parents et amis trépassés. Elle joint à ces dispositions un don de vingt livres à chacune des trois églises de Brieulles. Si de telles dispositions ne sont pas rares, il convient de le souligner car elles constituent un marqueur supplémentaire de la foi de la testatrice. Après le décès de son épouse, Pierre de Cadenet intègre la congrégation de l’Oratoire, devient prêtre et, en tant que tel, conseiller et aumônier du roi. Son souhait de réaliser, le moment venu, une bonne mort, c’est-à-dire en acceptant par avance les éventuelles souffrances liées au trépas et sa volonté d’éviter une éventuelle mise en commende* du nouvel établissement de Brieulles illustrent de hautes exigences spirituelles. Au regard de ces éléments, il apparaît que les époux appartiennent au milieu dévot.

 

 

* Triglyphes : panneau orné de deux cannelures biseautées (les glyphes) encadrées par deux demi-cannelures (les demi-glyphes).

* Agrafe : ornement placé au sommet d’une baie.

* Arc segmentaire : demi-cercle maçonné ou en pierres qui vient enrober une ouverture d’un bâtiment (porte, fenêtre…).

* Croupe : versant de toit qui réunit les deux pans principaux d’un toit à leur extrémité.

* Ventaux (sg. ventail ou  vantail) : partie mobile d’une porte, équivalent de « battant ».

* Commende : concession d’un bénéfice à un ecclésiastique séculier ou à un laïc.

 

Textes rédigés par Philippe Masson

Crédit photo : Région Grand Est-Inventaire général (clichés Gilles André, Bertrand Drapier et Simon Durand)

The Premonstratensian residence in Brieulles-sur-Meuse

 

History

 

Although the Premonstratensians (or White Canons) had served the church of Brieulles since at least 1181, the creation of a “church and house” for the order in the area was the result of the wish expressed in her will dated 5 December 1632 by Anne de Chicolet, wife of the “lord in part of Brieulles-sur-Meuse”. This endowment fits in with the monastic vitality of the 17th and 18th centuries. The context was unfavourable at the time owing to the Thirty Years’ War and the Fronde rebellion. Those troubled times perhaps explain why the works only commenced in 1642. Owing to a lack of funds, the building of the chapel only began in 1683. In the first third of the 18th century, the “residence” was just as much a monastic establishment as it was a farm because, right from their origins, the Premonstratensian priories focused on working the land. The annual chapter meeting of 1751 took the decision to rebuild Brieulles, with works beginning immediately and ending in 1756. The architect is not known but it can reasonably be assumed that he was a member of the order, the Premonstratensians not lacking talent in this area. 1790 saw the dissolution of the religious communities. Subsequently, the breaking up of properties and war altered the structure of Brieulles and the building’s future was for a long time uncertain. Listed as a Historical Monument in 1994, the site has since been restored.

 

Architecture

 

The unknown architect drew a regular L-shaped plan. The edifice is built with dressed stone, the most sought-after material for this type of construction, especially in Lorraine, a land of stone. Here, the match is achieved between the desired rendering – combining classicism and majesty – and the materials which enhance the scale of the design, reinforced by the layout. The tiering consists of a basement comprised of vaulted cellars, a slightly raised ground floor and a square upper floor. The levels are highlighted by a bead running under the ground-floor windows and a band under the first-floor windows. The symmetrical main elevation counts thirteen spans. The seventh span is marked by two Doric pilasters known as triglyphs* flanking a moulded round-headed door crowned by a mascaron keystone*, perhaps indented. With the exception of the window over the door, all the windows have a segmental arch* lintel with an ascending mascaron. Highlighted by a stone moulded cornice, the long-sided, hipped-end* roof is covered with slate. The same concept can be seen on the northern elevation. Apart from the sculpture and ironwork, there are virtually no embellishments. The austerity of the building’s architecture can be explained as much by Premonstratensian spirituality as by the building’s rural status.

 

 

The door on the main façade and its span

 

According to a concept that was common at the time, the sculpted decor is essentially placed around the building’s main door. There’s no exuberance here. The place is the country residence of a religious order turned towards poverty. Furthermore, the classical 18th century architecture expresses its restraint here. The round-headed door with continuous moulded entablatures is topped by a mascaron keystone*, perhaps indented. Two Doric pilasters extending up to the upper floor frame the composition. They border a frieze of triglyphs*. The decor is completed by the moulded leaves* of the pedestrian door and the ironwork railings placed in front of the large round-headed window on the first floor.

 

Brieulles’ founders, pious laypeople of the 17th century

 

The creation of the Premonstratensian residence of Brieulles was no ordinary act: it stemmed from the spirituality of its initiators, Anne de Chicolet and Pierre de Cadenet, the local lord, along with the Duke of Lorraine and the Prince de Condé. It was a testamentary foundation, an act referring to the testator’s last will and testament, their last wishes before departing from this world. This desire materialised a living faith; which was illustrated by other aspects of the founders’ lives. On the one hand, their wish that their work should be dedicated to the training of clerics in the form of a seminary or noviciate. On the other hand, the founders stipulated that in the event their initial project should not be possible or of the monks’ departure, the provisions of the will should benefit the Minims of Dun-sur-Meuse, one of the components of the Franciscan order. However, Pierre de Cadenet was governor of the area, where the living and appointment of the parish priest came under the responsibility of the Minim prior. And at the time the Franciscans where among the leading proponents of the Catholic Reformation. Furthermore, in his successive wills Pierre de Cadenet shared his benefits between the Premonstratensians of Brieulles and the congregation of the Oratory of Paris, another institution that was highly active in the spiritual life of the 17th century. What’s more, Anne de Chicolet indicated in her will that she wanted three masses to be celebrated every Holy Week, and in the weeks of devotion dedicated to the Virgin Mary and to the Faithful Departed for the salvation of her soul, and of the souls of her parents and departed friends. In addition to these provisions, she made a gift of twenty livres to each of the three churches in Brieulles. Although such provisions are not rare, this should be emphasised because they constitute an additional marker of her faith. After the death of his wife, Pierre de Cadenet joined the congregation of the Oratory, became a priest and, as such, the king’s adviser and chaplain. His wish, when the time came, to have a good death – that is to say accepting in advance any death-related suffering and his desire to avoid any possible placing in commendam* of the new establishment in Brieulles – illustrate his elevated spiritual demands. In view of all this, it would appear that the spouses belonged to the devout spheres.

 

 

* Triglyphs: panel decorated with two bevelled channels (the glyphs) flanked by two semi-channels (the semi-glyphs).

* Mascaron keystone: ornament placed at the top of an opening.

* Segmental arch: masonry or stone semi-circle spanning an opening in a building (door, window, etc.).

* Hipped end: slope of a roof joining the two main slopes of a roof at the end.

* Leaf: moving part of a door.

* In commendam: transfer of a benefice to a secular cleric or to a layperson.

 

Written by Philippe Masson

Die Prämonstratenser-Wohnanlage von Brieulles-sur-Meuse

 

Geschichte

 

Während die Prämonstratenser seit mindestens 1181 regelmäßig Gottesdienste in der Kirche von Brieulles abhalten, ist die Einrichtung „einer Kirche und eines Hauses“ des Ordens in der Ortschaft das Ergebnis des testamentarischen Willens von Anne de Chicolet, Ehefrau des „teilweisen Lehnherrn von Brieulles-sur-Meuse“, vom 5. Dezember 1632. Diese Stiftung ist Teil der klösterlichen Dynamik des 17. und 18. Jahrhunderts. Das Umfeld ist in dieser Zeit wegen des Dreißigjährigen Kriegs und der Fronde ungünstig. Diese unruhigen Zeiten erklären vielleicht, warum die Bauarbeiten erst im Jahr 1642 stattfanden. Wegen Geldmangels beginnt der Bau der Kapelle erst 1683. Im ersten Drittel des 18. Jahrhunderts ist die „Résidence“ ebenso eine Klostereinrichtung wie ein Landwirtschaftsbetrieb, da die Prämonstratenser-Priorate bereits seit ihren Anfängen die Aufgabe hatten, sich mit Feldarbeiten zu beschäftigen. Das Jahreskapitel von 1751 hält den Wiederaufbau von Brieulles schriftlich fest, der sofort beginnt und 1756 abgeschlossen wird. Der Architekt ist unbekannt, doch man kann vernünftigerweise annehmen, dass er aus dem Orden stammt, da es den Prämonstratensern in diesem Bereich nicht an Talenten fehlte. 1790 erfolgt die Auflösung der Ordensgemeinschaften. Danach haben Aufteilungen und Kriege Brieulles in seiner Struktur verändert und die Zukunft des Bauwerks war lange ungewiss. Der 1994 unter Denkmalschutz gestellte Komplex wurde seitdem restauriert.

 

Architektur

 

Der unbekannte Architekt hat einen regelmäßigen Grundriss in L-Form entworfen. Das Gebäude ist aus Quadersteinen erbaut, dem begehrtesten Material für diese Art von Bauvorhaben, besonders in Lothringen, dem Land des Steins. Hier wird die Übereinstimmung hergestellt zwischen der gewünschten Wiedergabe, die aus Klassizismus und Erhabenheit besteht, und den Materialien, die den Entwurf einer gewissen Größe fördern, die durch den Grundriss verstärkt wird. Die Stockwerksanordnung besteht aus einem Untergeschoss, das Gewölbekeller umfasst, einem leicht erhöhten Erdgeschoss und einem quadratischen Obergeschoss. Die Ebenen werden durch ein Gurtgesims unterstrichen, das unter den Fenstern des Erdgeschosses verläuft, und durch ein Bandgesims unter den Fenstern des Obergeschosses. Der symmetrische Hauptaufriss umfasst 13 Gewölbefelder. Das 7. Gewölbefeld ist durch zwei dorische Pilaster gekennzeichnet, die von Triglyphen* gekrönt werden und ein Rundbogentor mit Gesims umschließen, die von einer Agraffe* überragt wird, vielleicht als vormontiertes Element. Mit Ausnahme des Fensters, welches das Tor überragt, besitzen alle Fenster einen Fenstersturz mit Segmentbogen*, mit ansteigender Agraffe. Das durch ein steinernes Hauptgesims unterstrichene Dach mit langen Dachseiten und Walm* ist mit Schieferplatten gedeckt. Ein identisches charakteristisches Stilelement befindet sich an der Nordfassade. Der nur sehr spärlich vorhandene Dekor besteht aus Bildhauerei- und Kunstschmiedearbeiten. Die architektonische Nüchternheit des Bauwerks lässt sich ebenso mit der Spiritualität der Prämonstratenser wie mit dem Status einer ländlichen Einrichtung erklären.

 

 

Das Tor der Hauptfassade und sein Gewölbefeld

 

Nach einem in dieser Zeit häufigen charakteristischen Stilmerkmal konzentriert sich der bildhauerische Dekor um das Haupttor des Bauwerks. Hier ist kein Formenreichtum zu finden. Der Ort ist eine ländliche Wohnanlage eines der Armut zugewandten religiösen Ordens. Andererseits bringt die klassische Architektur des 18. Jahrhunderts hier ihre Zurückhaltung zum Ausdruck. Das Rundbogentor mit durchgehenden Tafelgesimsen wird von einer Agraffe* überragt, vielleicht als vormontiertes Element. Zwei dorische Pilaster, die sich im Obergeschoss fortsetzen, fassen diese Komposition ein. Sie begrenzen einen Fries aus Triglyphen*. Der Dekor wird durch die mit Zierleisten versehenen Türflügel* der Fußgängertür und die als Kunstschmiedearbeit ausgeführte Brüstung vor dem großen Rundbogenfenster des ersten Stocks ergänzt.

 

Die Gründer von Brieulles, fromme Laien in der Zeit des 17. Jahrhunderts

 

Die Einrichtung der Prämonstratenser-Wohnanlage von Brieulles kommt nicht von ungefähr: sie steht in enger Verbindung mit der Spiritualität ihrer Initiatoren, Anne de Chicolet und Pierre de Cadenet, Lehnsherr des Ortes, zusammen mit dem Herzog von Lothringen und dem Prinzen von Condé. Es handelt sich um eine testamentarische Gründung, eine Handlung, die auf den letzten Willen des Erblassers verweist, seine letzten Wünsche, bevor er diese Welt verließ. Dieser Wunsch spiegelt einen lebendigen Glauben wider, den auch andere Aspekte des Lebens der Gründer illustrieren. Zuallerst der Wunsch, dass ihr Werk der Ausbildung von Klerikern im Rahmen eines Seminars oder Noviziats gewidmet wird. Andererseits sahen die Gründer vor, dass im Fall der Unmöglichkeit des ursprünglichen Vorhabens oder des Weggangs der Ordensgeistlichen die testamentarischen Bestimmungen den Paulanern von Dun-sur-Meuse, einem der Bestandteile des Franziskanerordens, zugutekommen. Nun ist aber Pierre de Cadenet Gouverneur dieses Ortes, für dessen Pfarrhaus und Ernennung des Pfarrers der Paulaner-Prior zuständig ist. Und die Franziskaner zählen in dieser Zeit zu den führenden Akteuren der Gegenreformation. Andererseits teilt Pierre de Cadenet in seinen aufeinanderfolgenden Testamenten seine Wohltaten zwischen den Prämonstratensern von Brieulles und der Kongregation vom Oratorium des heiligen Philipp Neri von Paris auf, einer weiteren Einrichtung, die im geistigen Leben des 17. Jahrhunderts sehr aktiv war. Außerdem nennt Anne de Chicolet in ihrem Testament ihren Wunsch, dass jede Woche drei Messen abgehalten werden, zu Ehren des Heiligen Geistes, der Jungfrau Maria und der Verstorbenen, sowie zu den vier Zeiten des Vigiljahres für das Heil ihrer Seele und der Seele ihrer verstorbenen Eltern und Freunde. Sie fügt diesen Bestimmungen eine Schenkung von zwanzig Livres für jede der drei Kirchen von Brieulles bei. Solche Bestimmungen sind zwar nicht selten, es muss jedoch besonders darauf hingewiesen werden, da sie ein zusätzliches Kennzeichen des Glaubens der Erblasserin sind. Nach dem Tod seiner Ehefrau tritt Pierre de Cadenet in die Kongregation vom Oratorium ein, wird Priester und in dieser Funktion Berater und Almosenier des Königs. Sein Wunsch, zu gegebener Zeit einen guten Tod zu realisieren, d. h. indem er im Voraus die mit seinem Hinscheiden verbundenen eventuellen Leiden akzeptiert, und sein Wunsch, eine eventuelle Weitergabe als Kommende* der neuen Einrichtung von Brieulles zu vermeiden, zeugen von hohen geistigen Anforderungen. Angesichts dieser Elemente scheint es, dass die Ehegatten frommen Kreisen angehörten.

 

 

* Triglyphe: Platte, die mit zwei abgeschrägten Rillen (den Glyphen) verziert ist, die von zwei halben Rillen (den Diglyphen) eingefasst sind.

* Agraffe: Zierelement, das sich am höchsten Punkt einer Tür- oder Fensteröffnung befindet.

* Segmentbogen: Halbkreis aus Mauerwerk oder aus Steinen, der eine Öffnung eines Gebäudes (Tür, Fenster …) umgibt.

* Walm: Dachfläche, die die zwei Hauptflächen eines Daches an seinem Ende verbindet.

* Türflügel: Beweglicher Teil einer Tür.

* Kommende: Übertragung der Einkünfte eines Kirchen- oder Klostervermögens an einen Weltgeistlichen oder einen Laien.

 

Text verfasst von Philippe Masson

De residentie van de premonstratenzers in Brieulles-sur-Meuse

 

Geschiedenis

 

Ook al bedienden de premonstratenzers de kerk van Brieulles sinds 1181 en misschien ook al vroeger, volgt het optrekken van een ‘kerk en huis’ van de orde op deze plek uit de laatste wilsbeschikking van Anne de Chicolet, echtgenote van de ‘seigneur en partie’ (houder van een deel van de heerlijkheid) van Brieulles-sur-Meuse, op datum van 5 december 1632. Deze oprichting ligt volledig in de lijn van het monastieke dynamisme van de 17e en 18e eeuw. De context is dus ongunstig vanwege de Dertigjarige Oorlog en La Fronde (opstand tussen 1648 en 1653). Deze turbulente tijden verklaren misschien waarom de werken dateren van 1642. Door gebrek aan geld start de bouw van de kapel in 1683. In het eerste derde van de 18e eeuw is de ‘residentie’ tegelijk een kloosterinstelling en een landbouwbedrijf; de premonstratenzers hebben zich van bij het begin het werk op het veld als taak gesteld. Het kapittel van 1751 vermeldt de reconstructie van Brieulles die onmiddellijk aanvangt en eindigt in 1756. De architect is niet bekend, maar we kunnen redelijkerwijs aannemen dat hij tot de orde behoorde, aangezien de premonstratenzers op dat gebied heel getalenteerd waren. In 1790 worden de religieuze gemeenschappen ontbonden. Vervolgens wordt de structuur van Brieulles door versnipperingen en oorlogen vertekend en de toekomst van het gebouw blijft lange tijd onzeker. In 1994 wordt het opgenomen in de lijst van Historische Monumenten en aansluitend gerestaureerd.

 

Architectuur

 

De onbekende architect heeft gewerkt met een regelmatig plan in L-vorm. Het gebouw is rechtgetrokken in natuursteen, de meest gewilde steen voor dit soort bouwwerken, vooral in Lotharingen, het land van de steen. Hier wordt gezorgd voor correlatie tussen een verfijnd ontwerp, ontsproten uit classicisme en gekenmerkt door verhevenheid, en materialen die de opzet een zekere grandeur geven, wat nog wordt versterkt door het plan. De trapsgewijze plaatsing bestaat uit een ondergrond met gewelfde kelders, een lichtjes verhoogde benedenverdieping en een vierkante bovenverdieping. De niveaus worden benadrukt door een kordonlijst die onder de ramen van de benedenverdieping loopt en een vensterlijst onder de ramen van de bovenverdieping. De symmetrische voorgevel telt 13 traveeën. De 7e travee wordt gemarkeerd door twee Dorische pilasters verdeeld in trigliefen* rondom een halfronde, van lijstwerk voorziene deur met erboven een klem*, misschien in afwachting van … Alle ramen, behalve dat boven de deur, hebben een segmentbogige* bovendrempel met staande klem. Het schilddak* met lange vlakken en een van lijstwerk voorziene, stenen daklijst is bedekt met leisteen. Aan de noordgevel bevindt zich een identieke conceptie. De bijna volledig verdwenen versiering benadrukt het beeldhouw- en siersmeedwerk. De architecturale soberheid van het gebouw kan worden verklaard door zowel de spiritualiteit van de premonstratenzers als door het statuut van landbouwinstelling.

 

 

De toegangsdeur in de hoofdgevel en bijbehorende travee

 

Volgens een in die tijd gebruikelijke conceptie concentreren de gebeeldhouwde versieringen zich rond de hoofddeur van het gebouw. Hier geen sprake van overvloed. Het is een plattelandsverblijf van een religieuze orde waarbij alles draait om armoedigheid. Anderzijds drukt de klassieke architectuur van de 18e eeuw hier haar terughoudendheid uit. Boven de halfgebogen deur met doorlopend lijstwerk bevindt zich een klem*, misschien in afwachting van … Twee Dorische pilasters die doorlopen op de bovenste verdieping omkaderen de compositie. Ze begrenzen een fries van trigliefen*. De versiering loopt verder in de van lijstwerk voorziene vleugels* van de voetgangersdeur en de borstwering van siersmeedwerk die is aangebracht voor het grote, halfronde raam op de eerste verdieping.

 

De stichters van Brieulles, de godvruchtige leken ten tijde van de Grand Siècle

 

Het oprichten van de residentie van de premonstratenzers van Brieulles is geen onbetekenende daad: deze actie ligt volledig in de lijn van de spiritualiteit van de oprichters, Anne de Chicolet en Pierre de Cadenet, heer van deze plaats, samen met de hertog van Lotharingen en de prins van Condé. Het gaat om een testamentaire oprichting, een gebaar dat verwijst naar de laatste wilsbeschikking van de erflater, zijn laatste wens voor hij deze wereld verlaat. Dit verlangen wijst op een levendig geloof, zoals ook blijkt uit andere aspecten van het leven van de stichters. Eerst en vooral de wens dat hun werk wordt gewijd aan de vorming van geestelijken in de vorm van een seminarie of een noviciaat. Anderzijds legden de stichters vast dat bij onmogelijkheid tot uitvoering van het oorspronkelijke project of bij vertrek van de religieuzen, de testamentaire beschikkingen ten goede kwamen aan de miniemen van Dun-sur-Meuse, een van de samenstellende delen van de franciscaner orde. Pierre de Cadenet is dus gouverneur van de lokaliteit waarvan de parochie en de benoeming van de pastoor ressorteren onder de abt van de miniemen. En de franciscaner monniken behoren tot de beste werkmannen van de katholieke hervorming. Anderzijds verdeelt Pierre de Cadenet in opeenvolgende testamenten zijn weldaden tussen de premonstratenzers van Brieulles en de congregatie van het Oratorium van Parijs, een andere heel actieve instelling binnen het spirituele leven van de Grand Siècle. Daarnaast geeft Anne de Chicolet in haar testament duidelijk aan dat er in alle weken van de Heilige Geest, de Maagd Maria en de Gestorvenen en op de quartertemperdagen drie missen moeten worden opgedragen voor haar zielenheil en voor dat van haar gestorven ouders en vrienden. Ze voegt aan deze bepalingen een gift van 20 ponden toe voor elk van de drie kerken van Brieulles. Dergelijke bepalingen zijn geen zeldzaamheid, maar toch moeten we dit hier benadrukken, want ze vormen een extra ‘marker’ voor het geloof van de erflaatster. Na de dood van zijn echtgenote treedt Pierre de Cadenet in bij de congregatie van het Oratorium, hij wordt priester en in die hoedanigheid raadgever en aalmoezenier van de koning. Zijn wens om, als het moment is gekomen, een goede dood te sterven, d.w.z. dat hij vooraf het eventuele lijden dat gepaard gaat met het sterven aanvaardt, en zijn wil om de eventuele plaatsing in commende* van het nieuwe etablissement van Brieulles te voorkomen, verduidelijken zijn hoge spirituele eisen. Rekening houdend met deze elementen, kunnen we stellen dat het echtpaar tot het godvruchtige milieu behoorde.

 

 

* Trigliefen: panelen die versierd zijn met twee afgeschuinde cannelures (gliefen), omkaderd door twee half-cannelures (half-gliefen).

* Klem: versiering die op het hoogste punt van een brede opening wordt geplaatst.

* Segmentboog: halve cirkel, gemetseld of van steen, die een opening in een gebouw omhuld (deur, raam …).

* Schilddak: dakhelling die de twee hoofdvlakken van een dak aan hun uiteinde samenbrengt.

* Vleugel: mobiele deel van een deur.

* Commende: toewijzing van een gunst aan een seculier geestelijke of aan een leek.

 

Teksten opgesteld door Philippe Masson