Sainte-Scolastique de Juvigny
Histoire
L’abbaye de Juvigny-sur-Loison, autrefois Juvigny-les-Dames, se trouve placée sous la protection de sainte Scholastique, sœur jumelle de saint Benoît, à l’origine de la règle du même nom.
Fondée en 870 par la reine Richilde, épouse de Charles le chauve, sur des terres qui lui appartenaient, l’abbaye reçoit en 874, de l’évêque du Mans, des reliques de la sainte dont Richilde admirait, dit-on, les vertus. Les reliques furent transférées en 874, avec toute la solennité due à la sainte.
La châsse reliquaire resta à l’abbaye jusqu’en 1792. La 32e et dernière abbesse, Marie-Louise-Victoire de Vassinhac-Imécourt, avait soustrait les reliques aux révolutionnaires, leur laissant seulement la châsse en argent. Elle rapporta en 1804 le coffret en bois contenant le précieux bien et le déposa en l’église Saint-Denis de Juvigny où se trouvent toujours les reliques.
L’abbaye, vendue comme bien national, tomba quant à elle en ruine après que des acquéreurs en eurent fait une carrière de pierre. Et c’est le neveu de la dernière abbesse qui, un demi-siècle après, fonda une école en 1858 après avoir acheté une partie des ruines, notamment le bâtiment « des Fours ». Avec 30 élèves à son ouverture, un succès grandissant au fil des années, le « Pensionnat des Frères de la Doctrine Chrétienne » donna l’éducation à plus de 4.000 élèves en 45 ans.
Architecture
De l’ancienne abbaye royale de Juvigny-les-Dames ne subsiste presque rien. L’hôpital reste un des bâtiments les plus emblématiques de l’abbaye et on ne peut s’empêcher de penser aux nombreux malades, vieillards et infirmes dont les sœurs ont pris soin pendant des décennies. L’hôpital, bien qu’il fût inclus dans l’abbaye, était espacé des bâtiments conventuels par un très grand jardin. Dans la partie basse, aujourd’hui occupée par la Fondation Perce-Neige, et sur les ruines du bâtiment dit « des fours », fut ouvert le « Pensionnat des Frères de la Doctrine Chrétienne » à partir de 1858.
De même, on peut encore admirer certains pans du mur d’enceinte, qui donnent à peine une idée de la grandeur des lieux et il faut noter que la rue qui amène à l’entrée de l’ancien Pensionnat, coupe en deux dans toute sa longueur la propriété initiale de l’abbaye royale, soit quasiment la moitié du village.
Quant au moulin qui comptait quatre roues à aubes, il est toujours entretenu et on y trouve des chambres d’hôtes pour un séjour agréable dans ce lieu historique.
Le portail sculpté
Encadrée de deux pilastres composites, la porte est surmontée d’un linteau supportant un fronton circulaire brisé. En son centre se trouve un oculus* entouré de volutes et sommé d’une croix qui rappelle la fonction religieuse de l’édifice. Une guirlande de fleurs sculptées en bas-relief décore le tympan. Ce portail de style néoclassique richement orné témoigne d’un précédent état de l’ancien bâtiment abbatial. Dans un cartouche est inscrite la date de 1862 qui marque l’achèvement de la restauration de l’édifice par le comte de Vassinhac d’Imécourt qui a également fait sculpter ses armoiries (d’azur à la bande d’argent cousue de sable) entre des rinceaux*.
Les abbayes placées sous la protection d’un saint
Toutes les abbayes (une vingtaine en Meuse) sont placées sous un vocable particulier qui vient du saint ou de la sainte dont des reliques sont conservées en général dans des châsses de valeur, souvent confiées au trésor de ces abbayes.
À Juvigny-sur-Loison, autrefois Juvigny-les-Dames, l’abbaye a été placée sous la protection de Sainte-Scholastique. Elle était la sœur jumelle de saint Benoît, à qui on doit l’ordre des Bénédictins. La fondation de l’abbaye, en 874, est due à la reine Richilde, épouse de Charles le Chauve, qui a œuvré financièrement pour la construction de l’abbaye afin d’y accueillir les reliques de la sainte, qui se trouvaient au Mans. En 1624, Mère Scholastique de Livron Bourbonne, 28e abbesse, fit rétablir l’ordre de Saint-Benoît et édifier l’église abbatiale, disparue depuis du fait de la Révolution.
Fort heureusement, on trouve aujourd’hui ces reliques en bonne place dans l’église paroissiale du village, laquelle fut érigée en 1772. L’église Saint-Denis, dont le clocher est massif parce qu’il ne devait pas dépasser celui de l’abbatiale, n’accueillit les reliques de la sainte qu’en 1804, quand la 32e et dernière abbesse, Mère Marguerite Victoire de Vassinhac d’Imécourt, les rapporta après les avoir préservées des révolutionnaires qui ne gardèrent que la châsse en argent.
Les emblèmes de Sainte-Scholastique sont le lys, le livre, la crosse et la colombe. Il est très intéressant de visiter cette église car elle est ouverte de part et d’autre par des baies très lumineuses dont les magnifiques vitraux retracent la vie de la sainte.
On notera qu’il n’y avait que deux abbayes de femmes en Meuse, la seconde se trouvant dans le sud, sur le territoire de Bussy-la-Côte, appelée Sainte-Hoïlde, (les anciens du secteur disent Sainte-Hould), sœur de sainte Ménehoïlde, plus connue sous le nom de sainte Ménehould.
* oculus : également appelé un œil-de-bœuf, il s’agit en architecture, d’une petite ouverture ou lucarne, de forme circulaire ou approchante (on en trouve d’hexagonales ou d’ovales).
* rinceaux : éléments décoratifs à forme végétale.
Textes rédigés par Alain Fisnot