Sainte-Marie-Madeleine de Rangeval

 

Histoire

 

Sans doute inspirée par son voisin, le seigneur de Commercy qui avait favorisé la création de l’abbaye Notre-Dame de Riéval en 1124, Hedwige d’Apremont, comtesse de Montagu, et ses fils, fondent l’abbaye Sainte Marie-Madeleine en faisant appel à l’abbé de Riéval.

Comme à Riéval et pour les mêmes raisons, les archives manquent pour retracer l’histoire de l’abbaye. L’adhésion à la congrégation de l’Antique Rigueur*, en 1626, marque le début d’une renaissance que les destructions engendrées par la Guerre de Trente Ans faillirent bien anéantir définitivement.

La reconstruction des bâtiments claustraux débute en 1670. De l’abbaye antérieure, on ne dispose d’aucune information. Un nouveau cloître est dessiné au nord de la vieille église abbatiale. Les travaux se poursuivent pendant près de 40 ans et s’achèvent par la reconstruction de l’église abbatiale sur des plans de l’architecte prémontré Nicolas Pierson. La première pierre est posée le 29 juillet 1729. Pierson donne également les plans de l’hôtel abbatial.

En 1791, l’abbaye est vendue comme bien national à un notable commercien, François de Lisle. À sa mort en 1813, l’ensemble est partagé entre ses trois enfants. Après que l’on a enlevé le plomb qui couvrait sa toiture, l’église abbatiale est finalement rasée tandis que l’aile ouest est démontée et ses matériaux vendus.

 

 

Architecture

 

De l’abbaye de Rangeval subsistent aujourd’hui deux ailes des bâtiments claustraux ainsi que l’hôtel abbatial.

Respectant l’organisation traditionnelle de ces abbayes, l’aile est abrite la sacristie, la salle capitulaire*, la salle à manger d’hiver et la cuisine qui s’ouvrent toutes sur le cloître aujourd’hui muré. À l’étage, un couloir central dessert les cellules des religieux. Au bout de ce couloir, un escalier permet de descendre dans le chœur de l’église pour les offices de nuit. Un second, au milieu, descend vers le cloître. Cette aile n’est pas accessible à la visite.

Au bout de l’aile nord, un passage, aujourd’hui muré, relie la cuisine au grand réfectoire. Les religieux y accédaient depuis le cloître en passant devant le grand escalier d’honneur. Dans une niche, le lavabo de pierre a été conservé.

Ce grand escalier monumental permettait aux hôtes de la maison de rejoindre un grand couloir au 1er étage s’ouvrant sur le cloître et desservant les chambres, en fait de véritables petits appartements constitués d’une antichambre et d’une chambre. Toutes ces maisons devaient l’hospitalité !

 

 

Le grand escalier

 

Un vestibule occupe le centre des deux ailes subsistantes de Rangeval. On peut penser qu’un troisième escalier occupait le centre de l’aile ouest aujourd’hui disparue. Un quatrième, l’escalier des matines, permettait aux chanoines de rejoindre le chœur de l’église abbatiale depuis les cellules de l’étage de l’aile est.

Au milieu de l’aile nord, le vestibule ouvrant d’un côté sur le cloître et de l’autre sur les jardins permet également d’accéder au grand réfectoire. Dans ce vestibule, un grand escalier de pierre à balustres rampants et volées droites permet de rejoindre la galerie du premier étage qui dessert les appartements des hôtes. Des colonnes doriques au rez-de-chaussée, ioniques à l’étage, lui confèrent un caractère très monumental. L’ensemble est couvert d’une fausse-voûte en bois et plâtre.

 

 

L’accueil chez les Prémontrés, l’exemple de Rangeval

 

« Il n’y a pas de monastère complet sans hostellerie » écrivait dom Paul Delatte, abbé de Solesmes, en 1913 dans son Commentaire sur la règle de saint Benoît. Ce qui est vrai, aujourd’hui encore chez les bénédictins, l’est également chez les prémontrés, l’accueil et l’hospitalité étant inscrits dans les traditions de l’ordre.

À Rangeval, tout a été fait pour que les hôtes ne perturbent pas la vie régulière* des chanoines. C’est une des raisons qui ont poussé les prémontrés à sortir les espaces réservés à l’abbé à l’extérieur de la maison alors même que cet abbé était régulier, et ce pour que ses nombreux visiteurs ne troublent pas la quiétude de la maison.

Ici, les visiteurs – laïcs ou religieux – étaient accueillis à la porterie de la maison. L’entrée jouxtait l’entrée de l’église abbatiale. Les hôtes étaient reçus par un religieux au parloir. L’aile ouest, abritant la porterie et le parloir ayant été détruite, il est impossible de dire comment ces espaces étaient agencés.

Les hôtes pouvaient séjourner quelques jours à l’abbaye qui dispose de chambres pour eux. Le mot appartement, avec antichambre et chambre, convient mieux. Dans l’aile nord, ouvrant sur le cloître, deux de ces appartements sont destinés aux hôtes de marque. Une tradition locale désigne l’un d’eux comme étant l’appartement de l’évêque, comprendre ici l’évêque de Toul. Au centre de cette aile, le grand escalier d’honneur conduisait à l’étage où d’autres appartements avaient été créés.

 

* Antique Rigueur : réforme instituée dans la suite du concile de Trente dans l’ordre prémontré par Servais de Lairuelz. Les principes de base de la vie monacale sont réintroduits : jeûne, abstinence, mise en commun des biens, etc.

* salle du chapitre : lieu où se tiennent les assemblées organisées par les religieux [ou les religieuses] d’un monastère.

* régulier : par opposition au clergé séculier, le clergé régulier désigne, au sens large, les clercs appartenant à un institut religieux ; et au sens strict ceux qui font des vœux solennels, vivent en communauté sous une règle, mais se livrent aux activités des clercs en exerçant le ministère sacerdotal et les œuvres de charité.

 

 

Textes rédigés par Pierre Briot

 

Pour davantage de précisions historiques sur le lieu, s’en référer aux publications scientifiques de Monsieur Bernard Génot, propriétaire de l’aile orientale, qui sont accessibles aux Archives Départementales de la Meuse.

Crédit photo : Région Grand Est-Inventaire général (clichés Gilles André, Bertrand Drapier et Simon Durand)

Sainte-Marie-Madeleine de Rangeval

 

History

 

No doubt inspired by her neighbour, the lord of Commercy who had encouraged the creation of Notre-Dame de Riéval abbey in 1124, Hedwige d’Apremont, Countess of Montagu, and her sons founded Sainte Marie-Madeleine abbey calling on the abbot of Riéval.

Like Riéval and for the same reasons, there are no archives allowing us to chart the history of the abbey. The act of joining the congregation of the Ancient Rigour* in 1626 marked a renaissance that the destruction caused by the Thirty Years’ war had almost definitively annihilated.

The reconstruction of the cloistral buildings began in 1670. There is no information available regarding the previous abbey. A new cloister was planned to the north of the old abbey church. The works continued for nearly forty years and were completed with the reconstruction of the abbey church according to the plans of the Premonstratensian architect Nicolas Pierson. The first stone was laid on 29 July 1729. Pierson also drew up the plans for the abbey residence.

In 1791, the abbey was sold as a national property to a prominent citizen of Commercy, François de Lisle. On his death in 1813, the property was divided up between his three children. Once the roof had been stripped of its lead, the abbey church was finally razed to the ground, whereas the west wing was dismantled and its materials sold.

 

 

Architecture

 

Today all that remains of Rangeval abbey are the two wings of the cloistral building and the residence.

Respecting the traditional organisation of these abbeys, the east wing houses the sacristy, the chapter house*, the winter dining room and the kitchen which all opened on to the cloisters, which are today walled up. Upstairs, a central corridor serves the monks’ cells. At the end of this corridor, a staircase allowed the monks to go down to the church’s chancel for the night services. A second staircase, in the middle, goes down to the cloister. This wing is not open for visits.

At the end of the north wing, a passage, now walled up, links the kitchen to the great refectory. The monks accessed it from the cloister passing in front of the main staircase. A stone washbasin has been preserved in a niche.

This great monumental staircase allowed the abbey’s guests to go to the main corridor on the first floor opening on to the cloister and serving the bedrooms – in fact veritable little apartments consisting of an antechamber and a bedroom. All these houses were duty-bound to offer their hospitality!

 

 

The great staircase

 

A lobby occupies the centre of Rangeval’s two remaining wings. It is thought that there was a third staircase in the centre of the west wing that has now disappeared. A fourth one, the matins staircase, allowed the canons to go to the abbey church’s chancel from their cells on the upper floor of the east wing.

In the middle of the north wing, the lobby opening up on one side to the cloister and on the other to the gardens also provided access to the great refectory. There is a large stone staircase with rampant balusters and a straight flight of stairs in this lobby going up to the gallery on the first floor that served the guest apartments. Doric columns on the ground floor, and Ionic on the first floor give it an extremely monumental appearance. This is all covered by a false vault made of wood and plaster.

 

 

The reception offered by the Premonstratensians, the example of Rangeval

 

No monastery is complete without a hostelry,” wrote dom Paul Delatte, abbot of Solesmes, in 1913 in his Comment on the Rule of Saint Benedict. What is still true today with the Benedictines, is also true with the Premonstratensians, a warm welcome and hospitality being inscribed in the order’s traditions.

At Rangeval, everything has been done to ensure the guests did not disrupt the regular* life of the canons. This is one of the reasons that encouraged the Premonstratensians to place the spaces reserved for the abbot outside the residence even though this abbot was a member of the regulars, so that his many visitors did not disturb the tranquillity of the residence.

Here, the visitors – lay and religious – were welcomed at the porter’s lodge. The entrance was adjacent to the entrance to the abbey church. The guests were welcomed by a monk in the visitors’ room. As the west wing, which housed the porter’s lodge and the visitors’ room, has been destroyed, it is impossible to say how these spaces were arranged.

The guests could stay for several days at the abbey which had rooms for them. The word apartment, with antechamber and bedroom, would be more appropriate. In the north wing, opening on to the cloister, two of these apartments were intended for distinguished guests. A local tradition designates one of them as being the bishop’s apartment, this being the Bishop of Toul here. In the centre of this wing, the great staircase led up to the first floor where other apartments had been created.

 

* Ancient Rigour: reform imposed further to the Council of Trent in the Premonstratensian order by Servais de Lairuelz. The basic principles of monastic life were reintroduced: fasting, abstinence, sharing of property, etc.

* Chapter house: place where the assemblies organised by the monks (or nuns) were held in a monastery.

* Regulars: as opposed to the secular clergy, the regular clergy designates, in the broadest sense, clerics who belong to a religious institute; and more strictly speaking those who have taken solemn vows, live in a community governed by rules, but carrying out the activities of clerics exercising the priestly ministry and charitable works.

 

 

Written by Pierre Briot

 

For further historical details regarding this place, you can refer to the scientific publications of Mr Bernard Génot, owner of the east wing, which can be seen at the Archives Départementales de la Meuse.

Sainte-Marie-Madeleine von Rangeval

 

Geschichte

 

Zweifellos von ihrem Nachbarn inspiriert, dem Lehnsherrn von Commercy, der 1124 die Gründung der Abtei Notre-Dame de Riéval gefördert hatte, gründen Hedwige d’Apremont, Gräfin von Montagu, und ihre Söhne die Abtei Sainte-Marie-Madeleine, wobei sie den Abt von Riéval hinzuzogen.

Wie in Riéval und aus denselben Gründen ist kein Archiv vorhanden, um die Geschichte der Abtei zu erzählen. Der Beitritt zur Kongregation der Antique Rigueur* im Jahr 1626 bezeichnet den Beginn einer Wiedergeburt, die die durch den Dreißigjährigen Krieg verursachten Zerstörungen 1626 beinahe endgültig zunichtegemacht hätten.

Der Wiederaufbau der Klostergebäude beginnt im Jahr 1670. Über die frühere Abtei besitzen wir keine Informationen. Ein neuer Kreuzgang wird nördlich der alten Abteikirche angelegt. Die Bauarbeiten setzen sich während fast 40 Jahren fort und werden mit dem Wiederaufbau der Abteikirche nach Plänen des Prämonstratenserarchitekten Nicolas Pierson abgeschlossen. Der Grundstein wird am 29. Juli 1729 gelegt. Pierson stellt auch die Pläne für das Abtshaus bereit.

1791 wird die Abtei als Nationalgut an einen Notabeln aus Commercy, François de Lisle, verkauft. Nach seinem Tod 1813 wird der Komplex zwischen seinen drei Kindern aufgeteilt. Nachdem man das Blei entfernt hatte, das ihr Dach deckte, wird die Abteikirche schließlich abgerissen, während der Westflügel abgetragen wird und seine Baumaterialien verkauft werden.

 

 

Architektur

 

Von der Abtei Rangeval bestehen heute noch zwei Flügel der Klostergebäude sowie das Abtshaus.

Gemäß dem traditionellen Aufbau dieser Abteien sind im Ostflügel die Sakristei, der Kapitelsaal*, das Winterrefektorium und die Küche angesiedelt, die sich alle zum heute zugemauerten Kreuzgang hin öffnen. Im Obergeschoss führt ein zentraler Gang zu den Zellen der Ordensmitglieder. Am Ende dieses Gangs bietet eine Treppe die Möglichkeit, für die Stundengebete in der Nacht in den Chor der Kirche hinabzusteigen. Eine zweite Treppe, in der Mitte, führt zum Kreuzgang hinunter. Dieser Flügel ist nicht für die Besichtigung zugänglich.

Am Ende des Nordflügels verbindet ein heute zugemauerter Durchgang die Küche mit dem großen Refektorium (Speisesaal). Die Ordensmitglieder gelangten dorthin vom Kreuzgang aus, wobei sie vor der großen Ehrentreppe vorbeigingen. In einer Nische ist noch das steinerne Waschbecken erhalten.

Diese große Monumentaltreppe ermöglichte es den Gästen des Hauses, zu dem großen Gang im ersten Stock zu gelangen, der sich zum Kreuzgang hin öffnet und der zu den Zimmern führt, die tatsächlich richtige kleine Wohnungen aus einem Vorzimmer und einem Schlafzimmer waren. Alle diese Häuser waren der Gastfreundschaft verpflichtet!

 

 

 

 

Die große Treppe

 

Eine Vorhalle bildet das Zentrum der zwei noch bestehenden Flügel von Rangeval. Man kann sich vorstellen, dass eine dritte Treppe sich in der Mitte des heute verschwundenen Westflügels befand. Eine vierte, die Treppe der Frühmette, ermöglichte es den Chorherren, in den Chor der Abteikirche von den Zellen im Obergeschoss des Ostflügels aus zu gelangen.

In der Mitte des Nordflügels kann man über die Vorhalle, die sich auf der einen Seite zum Kreuzgang und auf der anderen Seite zum Garten hin öffnet, auch zum großen Refektorium gelangen. In dieser Vorhalle führt eine große Steintreppe mit schrägen Balustern und geraden Läufen zur Galerie des ersten Stocks, der Zugang zu den Gästewohnungen bietet. Dorische Säulen im Erdgeschoss und ionische Säulen im Obergeschoss verleihen ihr einen sehr monumentalen Charakter. Das Ganze wird von einem Scheingewölbe aus Holz und Gips bedeckt.

 

 

Der Empfang bei den Prämonstratensern, das Beispiel von Rangeval

 

„Ohne das Gästehaus ist ein Kloster nicht vollständig“, schrieb Dom Paul Delatte, Abt von Solesmes, in seinem 1913 veröffentlichten Kommentar zur Regel des Heiligen Benedikt. Was heute noch bei den Benediktinern gilt, trifft ebenfalls für die Prämonstratenser zu, denn der Empfang und die Gastfreundschaft sind fest in den Traditionen des Ordens verankert.

In Rangeval wurde alles dafür getan, dass die Gäste nicht das Leben der Regularkleriker* bzw. der Chorherren stören. Dies ist einer der Gründe, die die Prämonstratenser dazu bewegt haben, die für den Abt vorgesehenen Bereiche außerhalb des Hauses zu verlagern, obwohl dieser Abt ein Ordensmitglied war, damit seine zahlreichen Besucher nicht die Ruhe des Hauses stören.

Hier wurden die Besucher – Laien oder Ordensmitglieder – am Torhaus des Klosters empfangen. Der Eingang lag neben dem Eingang der Abteikirche. Die Gäste wurden von einem Ordensmitglied im Sprechzimmer empfangen. Da der Westflügel, in dem das Torhaus und das Sprechzimmer angesiedelt waren, zerstört wurden, lässt sich unmöglich sagen, wie diese Räume aufgeteilt waren.

Die Gäste konnten einige Tage in der Abtei verbringen, die über Zimmer für sie verfügte. Das Wort Wohnung, mit einem Vorzimmer und einem Schlafzimmer, ist jedoch passender. Im Nordflügel, der sich zum Kreuzgang hin öffnet, sind zwei dieser Wohnungen für vornehme Gäste bestimmt. Nach einer lokalen Überlieferung wird eine davon als Wohnung des Bischofs bezeichnet, wobei hier der Bischof von Toul gemeint ist. In der Mitte dieses Flügels führte die große Ehrentreppe zum Obergeschoss, wo weitere Wohnungen eingerichtet worden waren.

 

* Antique Rigueur: Reform, die in der Folge des Konzils von Trient im Prämonstratenserorden von Servais de Lairuelz eingeführt wurde. Die Grundprinzipien des Mönchslebens werden wieder eingeführt: Fasten, Enthaltsamkeit, gemeinsames Eigentum usw.

* Kapitelsaal: Ort, an dem die Versammlungen stattfinden, die von den Mönchen [oder den Nonnen] eines Klosters abgehalten werden.

* Regularkleriker: Im Gegensatz zu den Säkularklerikern bezeichnen die Regularkleriker (oder Regulare) im weiteren Sinne die Geistlichen, die einer religiösen Einrichtung angehören, und im engeren Sinne diejenigen, die ein feierliches Gelübde ablegen, in der Gemeinschaft nach einer Regel leben, aber Tätigkeiten von Geistlichen nachgehen, indem sie das Priesteramt und wohltätige Werke ausüben.

 

 

Text verfasst von Pierre Briot

 

Genauere Informationen zur Geschichte des Ortes finden Sie in den wissenschaftlichen Veröffentlichungen von Herrn Bernard Génot, Eigentümer des Ostflügels, die im Archiv des Departements Meuse (Archives Départementales) einsehbar sind.

Sainte-Marie-Madeleine van Rangeval

 

Geschiedenis

 

Ongetwijfeld geïnspireerd door de buurman, de heer van Commercy die in 1124 het stichten van de abdij Notre-Dame van Riéval had begunstigd, richten Hedwige d’Apremont, gravin van Montagu, en haar zonen de abdij Sainte Marie-Madeleine op en doen hiervoor een beroep op de abt van Riéval.

Zoals in Riéval en om dezelfde redenen ontbreken de archieven om de geschiedenis van de abdij te achterhalen. De toetreding tot de congregatie van de Antique Rigueur*, in 1626, betekent het begin van een herleving die bijna definitief wordt weggevaagd door de vernielingen van de Dertigjarige Oorlog.

De heropbouw van de kloostergebouwen start in 1670. Over de abdij die aan deze werken voorafgaat, is er geen informatie beschikbaar. Ten noorden van de oude abdijkerk komt een nieuwe kloostergang. De werken duren ongeveer 40 jaar en eindigen met de reconstructie van de abdijkerk volgens de plannen van de premonstratenzer architect Nicolas Pierson. De eerste steen wordt gelegd op 29 juli 1729. Pierson zorgt eveneens voor de plannen van het gastenverblijf van de abdij.

In 1791 wordt de abdij als nationaal goed verkocht aan een notabele van Commercy, François de Lisle. Bij zijn dood in 1813 wordt het geheel verdeeld onder zijn drie kinderen. Eerst wordt de loden dakbedekking verwijderd en dan wordt de abdijkerk volledig met de grond gelijkgemaakt, terwijl de westelijke vleugel wordt gedemonteerd en het materiaal ervan wordt verkocht.

 

 

Architectuur

 

Van de abdij van Rangeval blijven vandaag twee vleugels met kloostergebouwen en het gastenverblijf over.

Conform de traditionele structuur van deze abdijen, bevat de oostelijke vleugel de sacristie, de kapittelzaal*, de wintereetzaal en de keuken die allemaal uitkomen op de vandaag ommuurde kloostergang. Op de verdieping biedt een centrale gang toegang tot de cellen van de religieuzen. Via de trap aan het einde van deze gang kan er worden afgedaald naar het koor van de kerk om er de nachtdienst bij te wonen. Een tweede trap, in het midden, leidt naar de kloostergang. Deze vleugel kan niet worden bezocht.

Aan het einde van de noordelijke vleugel tref je een doorgang aan – nu ommuurd – die de keuken verbindt met het grote refectorium. De religieuzen kwamen er via de kloostergang en passeerden onderweg voor de grote eretrap. In een nis staat nog steeds de stenen wastafel.

Via deze monumentale trap kwamen de gasten van het huis in een brede gang op de eerste verdieping die toegang gaf tot de kloostergang en tot de kamers; deze kamers waren echt kleine appartementen, met een voorvertrek en een kamer. Al deze woningen stonden in dienst van de gastvrijheid!

 

 

De grote trap

 

Het midden van de twee overblijvende vleugels van Rangeval wordt ingenomen door een vestibule. Het is mogelijk dat in het midden van de westelijke vleugel een derde trap stond die nu volledig is verdwenen. Een vierde, de mettentrap, liet aan de kanunniken toe om vanuit de cellen op de verdieping van de oostelijke vleugel het koor van de abdijkerk te bereiken.

De vestibule in het midden van de noordelijke vleugel komt aan de ene kant uit op de kloostergang en langs de andere kant op de tuinen, en geeft ook toegang tot het grote refectorium. In deze vestibule staat een grote stenen trap met glooiende balusters en rechte trapdelen tussen de trapportalen; deze gaat naar de galerij op de eerste verdieping, met toegang tot de appartementen van de gasten. De Dorische zuilen op de begane grond en de Ionische op de verdieping verlenen deze trap een monumentaal aanzicht. Het geheel wordt overkoepeld door een vals gewelf van hout en gips.

 

De ontvangst bij de premonstratenzers, het voorbeeld van Rangeval

 

« Geen enkel klooster is volledig zonder gastenverblijf », schreef dom Paul Delatte, abt van Solesmes, in 1913 in zijn Commentaar op de regel van de heilige Benedictus. Dat klopt, ook vandaag nog bij de benedictijnen en het is ook zo bij de premonstratenzers: ontvangst en gastvrijheid zijn verankerd in de tradities van de orde.

In Rangeval is er alles aan gedaan opdat de gasten het reguliere* leven van de kanunniken niet zouden storen. Dat is een van de redenen waarom de premonstratenzers werden aangezet om de voor de abt gereserveerde ruimtes buiten de woning te brengen, ook al was deze abt regulier, zodat de vele bezoekers de rust binnenshuis niet konden verstoren.

Hier werden de bezoekers – leken of religieuzen – ontvangen in het portierskamertje van de woning. De ingang grensde aan deze van de abdijkerk. De gasten werden door een religieuze verwelkomd in de ontvangstkamer. Aangezien de westelijke vleugel met portierskamertje en ontvangstkamer werd vernield, weten we niet hoe deze ruimtes waren ingericht.

De gasten konden een paar dagen verblijven in de abdij, in kamers die voor hen waren voorzien. De term ‘appartement’, met voorvertrek en kamer, past eigenlijk beter. In de noordelijke vleugel, met toegang tot de kloostergang, waren twee van deze appartementen voorbehouden aan eminente gasten. Volgens een lokale traditie was een van deze twee het appartement van de bisschop, en dan wordt hier de bisschop van Toul bedoeld. De grote eretrap in het midden van deze vleugel leidde naar de verdieping waar zich nog meer appartementen bevonden.

 

* Antique Rigueur: hervorming die door Servais de Lairuelz werd ingesteld bij de premonstratenzers volgend op het Concilie van Trente en waarbij de basisprincipes van het monnikenleven werden geherintroduceerd: onthouding, soberheid, gemeenschappelijk bezit enz.

* kapittelzaal: plaats waar de door de religieuzen van een klooster georganiseerde vergaderingen plaatsvinden.

* regulier: in tegenstelling tot de seculiere clerus wijst de reguliere clerus de clerici aan die behoren tot een religieuze instelling, in de ruime zin van het woord; en in de strikte zin, zij die de plechtige geloften hebben afgelegd, die in een gemeenschap met regels leven, maar die zich bezighouden met clericusactiviteiten door het priesterambt uit te oefenen of door aan liefdadigheid te doen.

 

Teksten opgesteld door Pierre Briot

 

Voor meer historische informatie over deze plek, lees de wetenschappelijke publicaties van de heer Bernard Génot, eigenaar van de oostelijke vleugel; je vindt deze bij het Departementaal Archief van Meuse (Archives Départementales).