
Déesse-mère

Musée barrois, Bar-le-Duc
Inv. 885.27.2
Cette sculpture a été découverte par Léon Maxe-Werly à Saint-Amand-sur-Ornain en 1884, au lieu-dit « Le Breuil ».
Une femme est assise, encadrée par deux servant(e)s dont les têtes sont malheureusement perdues. Elle tient dans son giron des fruits, symbole de fertilité et, à ses pieds, un chien fait office de psychopompe, c’est-à-dire qu’il guide les âmes des morts dans leur voyage vers l’au-delà.
Trouvée dans une des nécropoles de Nasium, cette « déesse-mère » est un jalon important dans l’art de la sculpture aux premiers temps de la civilisation gallo-romaine. En effet, par son hiératisme, sa majesté pleine de sévérité, ses draperies agencées de manière complexe et quelque peu artificielle, cette œuvre reflète la persistance de conceptions artistiques et esthétiques antérieures à la conquête romaine tout en y associant les nouveautés stylistiques apportées par les Romains.
Déesse Mère

Zémi (urne funéraire) Taïno

Bois de gaïac, XIIe siècle.
Musée barrois, Bar-le-Duc
Inv. 850.20.38
En découvrant le Nouveau Monde, Christophe Colomb débarqua en réalité à Hispaniolia, une île des Grandes Antilles. Les indiens Taïno, connus également sous le nom d’Arawak, peuplaient Cuba, les Bahamas et la Jamaïque. Trente ans après la conquête, une grande partie de ce peuple avait disparu : beaucoup d’Indiens se révoltèrent contre les conquistadores, d’autres préférèrent le suicide aux mauvais traitements. Un trafic d’esclaves se mit également en place et les épidémies importées par les Européens se développèrent. En l’espace d’un demi-siècle, les Taïnos disparurent, ne laissant derrière eux que les traces artistiques d’une civilisation raffinée, dans laquelle le culte des ancêtres tenait une place primordiale.
Entre autres objets sculptés, les Taïnos conservaient de grandes statues de bois appelées « zemi », dans lesquelles ils déposaient les ossements de leurs ancêtres. Ils étaient conservés dans des maisons spéciales puis, lorsque la répression des missionnaires se fit plus forte, dans des grottes.
Les zémis recevaient des offrandes, de la nourriture, et abritaient les ossements des ancêtres. Ces derniers étaient consultés par les chamanes sous l’emprise de la cohoba. Chaque famille avait son zémi et pouvait ainsi converser avec ses ancêtres.
Le zémi du Musée barrois, monoxyle, montre une représentation masculine ithyphallique, symbole de fécondité. Le corps est ramassé, les bras collés aux flancs et les jambes repliées en position assise. La partie supérieure est ornée d’une frise chantournée. La finesse de la sculpture, dans un bois très dense, le guaiacum, suppose l’usage d’outils sophistiqués.
Seuls quelques exemplaires sont aujourd’hui conservés dans le monde.
Zémi (urne funéraire) Taïno

Orphée et Eurydice

Huile sur toile, 1654
Musée barrois, Bar-le-Duc
Inv. 2013.1.1
Originaire de Bar-le-Duc ou de ses environs proches, François Nicolas mène l’ensemble de sa carrière à Rome où il est mentionné dans les archives de 1652 à sa mort. Dans cette ville, il participe notamment au décor de l’église Saint-Nicolas-des-Lorrains dont la restauration a été récemment menée. De ses origines barisiennes, nous savons qu’il appartient à une dynastie de peintres qui a réalisé différents travaux pour Bar-le-Duc et ses environs.
Le tableau représentant Orphée et Eurydice est daté et signé dans le liseré de la robe d’Eurydice. La date de 1654 en fait la plus ancienne œuvre connue de l’artiste. Elle est réalisée peu de temps après l’arrivée du jeune lorrain dans la capitale italienne.
Le sujet est tiré des Métamorphoses d’Ovide : Eurydice vient de mourir, mordue par un serpent, le jour de ses noces avec le musicien Orphée. Celui-ci, épouvanté, se précipite vers la jeune femme. Tout dans la composition semble être une démonstration des savoir-faire multiples de l’artiste : la nature-morte du premier plan, la figure d’Eurydice inspirée de l’Antiquité, celle d’Orphée traitée de façon disproportionnée mais révélant une bonne connaissance anatomique, les plissés des vêtements, le paysage à l’arrière-plan constitué de ruines, de montagnes et dans lequel s’intègrent harmonieusement plusieurs personnages. On a ainsi l’impression que Nicolas de Bar, pour s’attirer les faveurs d’un commanditaire potentiel, a souhaité montrer toute sa science dans cette œuvre, expliquant ainsi son aspect composite et éclectique.